La Serbie prête si Priština décide d’enfreindre le moratoire

02. aoû 2021.
Le secrétaire d'État au ministère des Affaires étrangères Nemanja Starović a déclaré ce soir qu'au cas où Priština violerait le moratoire, qui fait partie de l'accord de Washington, Belgrade réagirait immédiatement et le nombre de pays qui réexamineraient et retireraient leur décision de reconnaître le Kosovo serait de loin beaucoup plus important par rapport à ceux qui le reconnaîtraient.

Invité à commenter les allégations selon lesquelles 10 pays sont prêts à retirer leur reconnaissance si Priština initie de nouvelles reconnaissances, Starović a déclaré à TV Tanjug que lors de la campagne lancée par la Serbie en 2017, 18 pays ont révoqué leur décision de reconnaître l'indépendance.

"L'objectif a été largement atteint, 110 pays étaient du côté de Priština, plus de la moitié des membres de l'ONU. Nous avons réussi à réduire le nombre de 18 et à le ramener en dessous du nombre clé de 97", a déclaré Starović.

Il a souligné que la Serbie est vouée au respect de tous les engagements pris au niveau international, qu'il s'agisse de l'accord de Bruxelles ou de Washington - dont un élément clé est un double moratoire.

Il a rappelé que cela signifie que la Serbie suspendra ses activités sur les retraits de reconnaissance de l'indépendance du Kosovo et Metohija, et que Priština s'abstiendra de rechercher un soutien pour l'adhésion aux organisations internationales.

 

Le secrétaire d'Etat a souligné que la Serbie respectera l'accord à la dernière lettre et jusqu’au dernier jour.

Il a ajouté que nous espérions que, s'il y avait de la bonne volonté de Priština et de la communauté internationale, ce moratoire pourrait être prolongé.

-Mais il n'y a pas de telle volonté à Priština, mais s'ils l’enfreignent d'ici le 4 septembre ou décident de ne pas s’y tenir par la suite, nous nous tiendrons prêts, a-t-il déclaré, soulignant qu'il ne pouvait pas parler des pays qui auraient changé leur position concernant la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo pour son dévouement à l'accord signé à Washington.

-Je ne peux pas parler du nombre de pays qui pourraient réexaminer leurs décisions erronées, si les choses prenaient la direction que nous ne voulons pas, le nombre de pays qui réexamineraient et retireraient serait bien, bien plus élevé que le nombre de pays qui pourrait décider de reconnaître l'indépendance du Kosovo après tant d'années, a-t-il dit.

Lorsqu'on lui a demandé si les États-Unis ou bien l'UE avaient une plus grande influence sur le Kosovo et Metohija, Starović dit qu'il est assez clair que l'influence des États-Unis est bien plus grande que l'influence de l'UE pour plusieurs raisons, entre autres, parce que la perspective de l'UE de Priština est encore incertaine.

L'UE a perdu une grande partie de sa crédibilité dans les Balkans occidentaux, a-t-il déclaré, rappelant Thessalonique et le sommet de 2003, lorsqu'on nous avait promis de devenir membres de l'UE.

-Mais le bébé qui est né alors a 18 ans aujourd'hui, et nous en sommes là. Le Kosovo et Metohija n'a même pas obtenu la libéralisation des visas, même si on leur avait promis cela il y a 10 ans, et ils ont rempli, il faut l'admettre, 95 exigences, a dit Starović.

Il a ajouté qu'il n'y a pas de meilleur exemple que la Macédoine du Nord, qui a même changé de nom, et voilà ce que ça a donné.

-On nous reproche pour le non-alignement de la politique étrangère sur la politique de l'UE, mais ma réponse à tout cela est certes, nous sommes attachés à augmenter le pourcentage de l’alignement, mais non pas en imposant des sanctions à la Russie ou en condamnant la Chine pour tout et pour rien, a dit Starović.

Il a ajouté qu'il est difficile d'expliquer aux citoyens pourquoi c'est si important quand on voit que la Macédoine du Nord a harmonisé sa politique à 93 %, le Monténégro et l'Albanie à 100 %, mais même cela n'ouvre pas la porte à une adhésion à part entière à l'UE.

 

La situation en Bosnie-Herzégovine n'est pas tenable à long terme

Le secrétaire d'État au ministère des Affaires étrangères Nemanja Starović, a déclaré ce soir qu'il était trop tôt pour dire si le Haut- Représentant en Bosnie-Herzégovine Christian Schmidt était venu en ami, comme il le dit, et a souligné que ceci ressortirait du rapport que la Serbie demandera en vertu de l'Accord de Dayton.

-Le président Aleksandar Vučić a annoncé que la Serbie, en ce qui concerne les agissements de Schmidt, utilisera pour la première fois le droit issu de l'accord de Dayton pour demander des rapports réguliers, et en vertu de ces rapports nous prendrons position par rapport à ses agissements, a déclaré Starović à la TV Tanjug, interrogé si Schmidt est digne de confiance lorsqu'il dit qu'il vient servir les peuples de Bosnie-Herzégovine.

 

Il a ajouté que le fait que Schmidt ait remercié Inzko d'avoir initié la loi interdisant la négation du génocide ne peut être considéré comme un geste amical, compte tenu de la position de Belgrade que cette décision est profondément erronée et mauvaise.

-Il est nécessaire de construire la coexistence en Bosnie-Herzégovine, et la décision du Haut-Représentant n'y a pas contribué, il nous sera beaucoup plus difficile d'atteindre cet objectif à l'avenir, a dit Starović, qui, demandé qui était derrière l’agissement d’Inzko, a répondu que «ce n’était pas spontané, mais soigneusement réfléchi et conçu».

-Même Inzko et ceux qu'il a consultés étaient conscients des conséquences qui se produisent sous nos yeux, a dit Starović.

Lorsqu'on lui a demandé ce que Belgrade pouvait faire et aider la RS à apaiser les tensions, Starović a dit que le plus important était de conserver les positions de principe qui disent sans ambigüité que la Serbie soutient l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine de l'Accord de Dayton, qui inclut l'inviolabilité de l’existence de la RS.

-Dans ces cadres, nous devons continuer à apporter notre soutien à notre peuple en RS et à travailler à la réconciliation historique des deux peuples, a-t-il déclaré.

Selon lui, si nous parvenons à dissiper les craintes des deux côtés – celle des Bosniaques que quelqu'un attentera à la Bosnie-Herzégovine, et celle des Serbes la RS sera supprimée - cela nous rapprocherait un peu plus de la stabilisation de la Bosnie-Herzégovine et de toute la région, ce qui, souligne-t-il, est l'intérêt politique suprême de la Serbie.

Starović dit qu'il craint que l'Occident ne se rende pas compte assez de l'inflammabilité de la situation en Bosnie-Herzégovine.

-D’aucuns ont fait mauvais calcul pensant pouvoir atteindre leurs objectifs en imposant des décisions contre la volonté clairement exprimée de tout un peuple, qui est également constitutif en Bosnie-Herzégovine, a-t-il déclaré, soulignant que nous devons tous travailler à stabiliser les circonstances et à signaler que par les dispositions prises unilatéralement ceci n’est pas réalisable. 

Starović a dit que la situation ne peut pas et ne sera pas tenable à long terme, ajoutant qu'il est important de ne permettre aucune sorte d'escalade.

-Le fait est qu'après la décision erronée d'Inzko, il n'y a pas de retour en arrière. Il me semble qu'une spirale d'événements est déclenchée, dont il est difficile de prévoir comment elle se terminera et sur quelle base un nouvel équilibre politique s'établira, a-t-il dit, estimant que les tensions sont les plus hautes depuis la fin de la guerre.

La seule bonne chose est qu'il existe un niveau élevé d'accord au sein du parlement de la RS, a dit Starović et a formé l'espoir que de telles actions seraient préservées et donneraient de la force à la voix politique de Banja Luka.

Lorsqu'on lui a demandé si Banja Luka pouvait l’emporter sur Sarajevo dans cette situation, il a dit qu'il ne voulait pas en parler en ces termes, estimant qu'il était nécessaire d'établir un niveau de compréhension plus élevé.

Il dit qu'il est important que la partie serbe comprenne à quel point c'est douloureux pour les Bosniaques ce qui s'est passé à Srebrenica et que personne ne devrait le nier.

-Cette commission a décrit toutes les horreurs de ces crimes, a dit Starović, ajoutant que les Bosniaques doivent comprendre que les Serbes ne peuvent pas accepter le récit sur lequel on insiste afin d'imposer une stigmatisation à un peuple péri.

 Source: Tanjug