Jovanović: Pour la Serbie les relations avec la Macédoine du Nord revêtent le plus grand intérêt
1. Ambassadeur Jovanović, vous êtes en République de Macédoine du Nord depuis deux mois maintenant. Même si c’est court, je vais quand même vous demander quelles sont vos impressions - comment avez-vous reçu la nouvelle que vous exerceriez la fonction diplomatique dans le voisinage immédiat ?
Servir son pays et porter le titre d'ambassadeur est une tâche sublime et importante. C'est un grand honneur, mais aussi une responsabilité d'accomplir ce devoir dans un pays avec lequel nous sommes liés par des liens culturels et historiques indéfectibles, fondés sur une tradition commune, l'amitié et la solidarité. La République de Serbie accorde la plus grande attention possible aux relations avec la Macédoine du Nord, en tant que l'un de ses voisins les plus proches, et j'espère que dans la période à venir, nous assisterons à une nouvelle amélioration de nos relations bilatérales déjà très bonnes.
2. Vous êtes ici pendant une courte période, mais cette période est marquée par des activités dynamiques dans les relations entre les deux pays. Il existe une tendance au développement accéléré des relations bilatérales, caractérisée par une amitié continue sans problèmes ouverts depuis des années. A quoi devons-nous le développement accéléré des relations mutuelles?
Les relations entre la République de Serbie et la République de Macédoine du Nord se caractérisent par un dialogue politique intensif au plus haut niveau, et nos relations bilatérales ne sont pas chargées de questions ouvertes, malgré des positions différentes concernant le statut du Kosovo et Metohija. Comme l'a déclaré notre président Aleksandar Vučić lors de sa récente visite à Skopje, la Serbie ne demande rien d'autre à la Macédoine du Nord et à ses citoyens que de l'amitié, et nous n'avons d'autre intérêt que de subsister ensemble dans ces espaces et d'améliorer la vie de nos citoyens.
3. On dirait que le couronnement de cette nouvelle dynamique dans les relations, qui signifie certainement une nouvelle qualité, c’est l'initiative Open Balkans. Le Forum économique régional a également eu lieu à Skopje, où deux mémorandums et un accord ont été signés. Que faire pour que ces efforts de coopération régionale et l'esprit de coopération ne restent pas «lettre morte » sur papier?
Je ne vois vraiment pas pourquoi quelque chose d'aussi fermement soutenu par un président et deux premiers ministres resterait juste une "lettre morte" sur papier. L'initiative Open Balkans est une excellente idée lancée en 2019 et peut être considérée comme historique car nos trois pays - la Serbie, la Macédoine du Nord et l'Albanie, conformément aux valeurs européennes, ont fait un pas sérieux vers l'amélioration de la vie de leurs citoyens et se sont montrés capables de prendre soin de leur propre avenir. Concrètement, il s'agit d'une initiative dont le but est d'établir quatre libertés dans la région sur lesquelles repose l'UE, c'est-à-dire son marché intérieur - la liberté de circulation des marchandises, des travailleurs, des capitaux et des services. Le plan est qu'à partir du 1er janvier 2023, il n'y aura plus de frontières pour les citoyens des trois pays. Nous n'avons pas de chemin facile à parcourir dans la mise en œuvre de cette vision, mais comme l'a souligné le président Vučić, nous devons travailler dur pour convaincre notre peuple d'être diligent, assidu et d'obtenir tous les résultats en temps utile.
4. Les documents signés couvrent un large éventail de coopérations, à savoir : la facilitation des procédures de transport, puis l'assistance en situation de crise, la coopération des chambres de commerce, et les postes ont déjà repris une activité spécifique. Pouvez-vous expliquer plus en détail ces domaines de coopération et à quelles aides et secours les citoyens des trois pays peuvent-ils s'attendre ?
Lors du Forum économique pour la coopération régionale, qui s'est tenu le 29 juillet à Skopje, auquel ont participé environ 400 entreprises de Macédoine du Nord, d'Albanie et de Serbie, le président Vučić et les premiers ministres Zaev et Rama ont signé trois documents: 1° Mémorandum d’entente et de coopération sur la facilitation de l'importation, de l'exportation et de la circulation des marchandises dans les Balkans occidentaux ; 2° Mémorandum d'entente et de coopération sur le libre accès au marché du travail dans les Balkans occidentaux et 3° Accord sur la coopération en matière de protection contre les catastrophes dans les Balkans occidentaux. Le premier mémorandum augmentera et améliorera la coopération économique, simplifiera les procédures liées à l'importation, à l'exportation et à la circulation des marchandises. Le mémorandum sur le libre accès au marché du travail dans les Balkans occidentaux vise à simplifier les procédures d'obtention de permis de travail pour les citoyens de chacun des trois pays, ainsi que pour l'utilisation de ces permis sur le territoire de l'un d'eux. Pour simplifier, cela signifie à l'avenir qu'il n'y a pas de temps d'attente pour les citoyens et les camions à la frontière, un permis de travail commun pour les trois pays et une reconnaissance mutuelle des qualifications ou des diplômes est envisagée. Nous pensons que cela peut dans une certaine mesure atténuer l'exode de la population auquel est confronté non seulement notre région, mais aussi l'ensemble de l'Europe. L'accord de coopération en matière de protection contre les catastrophes dans les Balkans occidentaux a pour objectif que nos pays, en fonction de leurs capacités disponibles, s'entraident en cas de catastrophe, ce dont nous pouvons témoigner actuellement.
5. Ambassadeur Jovanović, pourquoi il y a tant de résistance de la part du «Kosovo» à se joindre à l'initiative, qui signifie notamment la coopération, la construction de quelque chose de nouveau et enfin, quelque chose qui vient d'ici. En consolation, cette fois-ci, ils «frappent» le premier ministre albanais Rama, et non le président serbe Vučić, mais cette réaction n'est toujours pas à approuver, peu importe à qui elle est destinée. Vous attendez-vous à ce que d'autres pays rejoignent les Balkans ouverts?
Quant à l'ouverture de l'initiative Open Balkans, il y a lieu de souligner que l'invitation à adhérer a été envoyée dès le départ au Monténégro et à la Bosnie-Herzégovine, ainsi qu'aux représentants des institutions intérimaires d'administration autonome de Pristina. Pourquoi cela ne s'est pas produit jusqu'ici, je pense que c'est la question qu'il faut leur poser. Je vous rappelle ce que le président Vučić a souligné en parlant de l'initiative les Balkans ouverts, à savoir que la Macédoine du Nord, l'Albanie et la Serbie auront un taux de croissance supérieur d'au moins un pour cent à celui des autres pays des Balkans occidentaux, précisément en raison de leur participation à cette initiative et la Banque mondiale y croit. En outre, la région englobant cette initiative attirera plus de 80 pour cent des investissements dans l'ensemble des Balkans occidentaux. Tout cela ensemble nous dit que les Balkans ouverts profitent à tous et contribuent à l'approfondissement de la coopération dans la région dans tous les domaines. Si quelqu'un ne comprend pas cela, nous ne pouvons rien y faire.
6. Jovanović, citoyens et institutions macédoniens ont remerciés pour la vaccination et le don de vaccins, et ces jours-ci, après avoir fait face à la situation critique avec les incendies, nous avons à nouveau demandé de l'aide, et vous avez répondu en envoyant illico 4 hélicoptères. Je voudrais également mentionner les positions de la première ministre Brnabić et du président Vučić concernant le veto bulgare sur la R. Macédoine du Nord. Je mentionne cela dans le contexte de la question de savoir si nous tous dans la région nous comprenons l'essentiel du voisinage immédiat et ce que cela signifie pour nous tous ?
Il y a des défis qui ne connaissent pas de frontières des États individuels, et la santé publique en danger dans les conditions d'une pandémie ou des incendies de forêt auxquels nous sommes confrontés ces jours-ci sont quelques-uns d'entre eux. Grâce au président Vučić, la République de Serbie a réussi à fournir un nombre suffisant de vaccins alors que le monde entier luttait pour les obtenir. Nous avons eu l'occasion d'aider la Macédoine du Nord frère et nous l'avons fait sans hésiter. En outre, la Serbie n'est pas seulement un bon voisin, mais aussi un État frère sur lequel la Macédoine du Nord et ses citoyens peuvent compter. La République de Serbie est attachée à la politique de paix et de stabilité et à résoudre toutes les questions ouvertes avec ses voisins par des moyens pacifiques et le dialogue. La paix est ce qui nous importe le plus, et c'est pourquoi la Serbie fait tout pour ne pas répondre aux nombreux et fréquents messages provocateurs de la région, mais pour regarder vers l'avenir. Toutefois, force est de constater que certains, dans notre entourage proche, glorifient les événements qui ont conduit aux grandes souffrances du peuple serbe.
7. A qui et à quoi référez-vous exactement ?
Je pense à l'anniversaire des souffrances tragiques du peuple serbe dans l'opération militaire croate Tempête, marquée le 4 août. Cette date est célébrée chaque année en Croatie comme une grande fête, et pendant que les Serbes pleurent, nos voisins jubilent. La Tempête est l'un des plus grands crimes de nettoyage ethnique dans le monde après la Seconde Guerre mondiale, avec plus de 220 000 expulsés. Après la guerre civile et l'exode massif du peuple serbe, le nombre de Serbes en Croatie a été réduit des deux tiers. Actuellement, 1 852 personnes figurent sur la liste des Serbes tués et portés disparus dans la Tempête, et les dégâts matériels sont incalculables. Nous voulons la paix et la réconciliation, mais nous n'acceptons pas l'humiliation et le silence. La Serbie n'appellera jamais à de nouveaux conflits, car elle veut se développer en coopération avec tous dans la région, mais nous sommes obligés de nous en souvenir. La Serbie ne se vante pas de sa force, mais elle est assez forte pour ne plus jamais permettre un pogrom contre son peuple.
8. Dans quelle mesure êtes-vous satisfait des droits dont jouit la communauté serbe dans ce pays? Même si, comme on dit, les droits ne suffisent jamais. Est-il nécessaire de les améliorer ?
Contrairement à certaines périodes précédentes où la question de la position des Serbes dans la région et de la diaspora n'était pas correctement traitée par le pays d'origine, nous assistons aujourd'hui à une approche différente. La République de Serbie est fortement intéressée à préserver et à renforcer les relations entre le pays d'origine et la diaspora et le pays d'origine et les Serbes de la région. Les Serbes vivant en Macédoine du Nord, ainsi que les Macédoniens vivant en République de Serbie, sont un pont supplémentaire qui nous relie chaque jour. Les deux pays ont récemment convenu de former dès que possible une Commission intergouvernementale mixte pour les minorités, qui servira de plate-forme supplémentaire pour résoudre des problèmes importants liés à la position et aux droits de la communauté serbe en Macédoine du Nord et de la communauté macédonienne en Serbie.
9. Ambassadeur Jovanović, avez-vous appris quelque chose de nouveau sur la République de Macédoine du Nord et ses citoyens, sur leur gastronomie, leurs traditions, leurs coutumes et leur culture depuis que vous êtes devenue ambassadeur?
Pour quelqu'un qui vient de Serbie, il ne faut vraiment pas beaucoup de temps pour commencer à se sentir «chez soi» en Macédoine du Nord. C'est pour moi un plaisir particulier d'apprendre chaque jour quelque chose de nouveau sur ce merveilleux pays et ses habitants qui m'ont réservé un accueil chaleureux dès le premier jour et dont je rencontre la gentillesse à tout bout de champs.