Communiqué du ministre des Affaires étrangères de Serbie Nikola Selaković

21. juin 2021.
Je suis surpris du ton hypocrite et cynique du communiqué de ce jour émanant du Ministère des Affaires étrangères, soit extérieures, du Monténégro, qui s’étonne de la réaction de l’opinion publique serbe à l'adoption de la résolution de l’Assemblée du Monténégro sur Srebrenica, le 17 juin dernier.

Je pense qu'il est inapproprié de faire référence dans le même communiqué à l'amitié et à la fraternité des citoyens du Monténégro et de la Serbie, puis avancer la défense d'un document dont la malfaisance envers le peuple serbe ne peut être rétractée par aucune lecture et interprétation ultérieure.

Les sermons du ministère monténégrin contre les médias et les représentants du gouvernement serbes, parce qu'ils ont démasqué les véritables intentions des adoptants de la résolution sur Srebrenica et parce qu'ils ne perçoivent pas naturellement le contenu de ce document comme une «main d'amitié tendue», sont le fruit d'une grave hypocrisie politique, n’ayant rien à voir avec la Serbie, mais uniquement avec les problèmes internes du Monténégro, auxquels la Serbie ne s’est pas ingérée et elle ne le fera pas. 

Encore une fois ici je dois rejeter et condamner le plus résolument les propos de certains hommes politiques monténégrins sur les prétendues ingérences de la Serbie dans les affaires internes du Monténégro, car la Serbie n'a pas reconnu, disons, Boka comme un État indépendant, par contre le Monténégro officiel a reconnu la sécession unilatéralement proclamée de Priština en forme de la prétendue République du Kosovo, soit il a soutenu l'attaque la plus directe contre la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Serbie.

La Serbie n'a pas adopté de résolutions sur le Monténégro en se délectant lorsque les citoyens du Monténégro ont été stigmatisés par certains en raison des opérations de guerre à Konavle, ou lorsque le poème national monténégrin «La Couronne de montagne» a été dépeint comme une apologie des crimes contre les musulmans.

Le même tribunal de La Haye, dont les verdicts servent de référence au Parlement monténégrin, au procès contre Radovan Karadžić a interprété «La Couronne de montagne» comme la base idéologique des crimes contre les Bosniaques en Bosnie-Herzégovine pendant la guerre des années 1990.

La Serbie, contrairement au Monténégro, n'a pas envoyé ses représentants aux événements glorifiant le meurtre et l'expulsion des Monténégrins, tandis que Podgorica avait son représentant à Knin pour célébrer l'événement qui est sans aucun doute le plus grand nettoyage ethnique en Europe après la Seconde guerre mondiale.

Mais qu'est-ce que le Ministère monténégrin des Affaires étrangères (extérieures) reproche à la Serbie? On lui reproche les écrits dans les tabloïds sur le Monténégro, alors que leurs médias, tabloïds et non- tabloïds confondus, ont accusé le président serbe Aleksandar Vučić de rien de moins que d’une tentative de coup d'État au Monténégro, qui consistait à dire qu'il ne savait pas que le Premier ministre monténégrin venait à Belgrade pour un accord avec le patriarche serbe, qui finalement n’a pas eu lieu.

C’est absurde de voir le Ministère des Affaires étrangères (extérieures) du Monténégro planqué derrière les phrases sur l'inexistence de la responsabilité collective des crimes, car le parlement monténégrin n'a pas personnalisé sa condamnation des événements de Srebrenica, essayant ainsi, bien qu’en affirmant le contraire, de stigmatiser sans ambiguïté  l'ensemble du peuple serbe.

Tous les propos sur la fraternité et l'amitié, sur la proximité et les alliances historiques, cités par le Ministère des Affaires étrangères (extérieures) du Monténégro, perdent leur intérêt lorsqu'ils sont confrontés à des actes concrets, et je viens d’en citer juste quelques-uns.

Le Ministère des Affaires étrangères de Serbie que je mène s'efforcera de contribuer, par chaque déclaration et acte,  à l'établissement des relations de bon voisinage, à redorer l’image de la République de Serbie et à prendre soin des appartenants au peuple serbe, où qu'ils vivent, mais ce n'est pas et ne sera pas un sac de frappe, une cible fixe pour des critiques infondées et insoutenables à l’encontre de la République de Serbie et des membres du peuple serbe.